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Emmanuel Detter

Il faut se rappeler quels étaient les niveaux de production dans les DOM quand on a fait le transfert du sucre dans le POSEI et à quels niveaux nous en sommes aujourd'hui.

 

Aujourd'hui nous sommes dans une économie contrainte s’agissant du sucre. En Europe, les plus grands sucriers sont limités à 13 millions de tonnes de production quand nous avons un marché qui est de l'ordre de 18 millions de tonnes Il y avait donc, pour servir leur clientèle, une bataille chez les producteurs de sucre qui consistait à pouvoir livrer leurs propres clients avec du sucre récupéré ailleurs, notamment dans les DOM ou importés. Nous bénéficions, avec le système de quotas, d'une garantie d'écoulement sur le marché du sucre.

 

La libéralisation du marché sucrier est probablement inévitable. Nous avons aujourd'hui en Europe, grâce aux différentes réformes, l'une des industries les plus compétitives du monde. Nous avons été condamnés par l’OMC après plusieurs panels parce que nous avons un système de quotas et ce système de quotas a été assimilé à un système de subvention de sucre qui était limité. Pour pallier à ce problème et libérer notre production  la réforme du secteur sucrier a été organisée par vagues successives.

 

En 2007, nous avions des usines qui produisaient 100 000 tonnes en moyenne. A la fin de la réforme en 2014, nous avons constaté la disparition de 40 % des usines ayant ce rendement de production. A la fin de la période que l'on entame maintenant et qui va conduire à la suppression des quotas sucriers, les usines produiront probablement entre 260 000 et 270 000 tonnes de sucre par an.  

 

Les usines les plus importantes de La Réunion produisaient 100 000 tonnes de sucre en 2006. Nous avons fait des efforts de compétitivité de 5 % là où les usines françaises ont doublé leur capacité de production. Nous avons donc un déficit de compétitivité face aux usines continentales, qui est devenu massif. Ces usines peuvent amortir les frais sur une production qui représente plus du double de la nôtre. Aujourd'hui, nous allons nous retrouver dans une situation après la suppression des quotas sucriers, où seul le prix sera l'argument de vente. Il faut donc compenser.

 

La France a réfléchi à la meilleure façon de parvenir à cela. L'Assemblée nationale s'est saisie de la question, le Président de la République a annoncé à l'île de La Réunion sa volonté de soutenir l'industrie du sucre dans nos régions ultrapériphériques et a annoncé 38 millions d'euros d'aide d'Etat supplémentaires afin de venir compenser la suppression des quotas sucriers. Nous avons passé l'essentiel de l'année 2015 et le début de l'année 2016 à travailler avec les autorités nationales pour faire en sorte que les arguments qui ont été envoyés à Bruxelles soient les plus clairs et les plus transparents possibles. L'enjeu est simple : si les surcoûts industriels ne sont pas compensés,  le sucre des DOM ne pourra pas être vendu et donc la filière canne sera menacée.

 

Nous sommes à ce stade dans la phase qui consiste à expliquer à la Commission européenne pourquoi il faut qu'elle accepte d'augmenter les aides d'État que la France souhaite mettre en place pour l'industrie sucrière. Nous avons rendez-vous prochainement avec les services de la DG AGRI. Nous espérons que nous pourrons trouver une solution avant la fin de l'année pour sécuriser la filière.

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