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Présentation de la filière banane dans les DOM

 

La banane est, avec le rhum et le sucre, la principale production agricole d’exportation des DOM. En France, elle est produite exclusivement aux Antilles, et fait face à la concurrence mondiale et acérée d’une part de la « banane dollar » d’Amérique du Sud, et d’autre part de la banane africaine. Pour mémoire, la banane est le troisième fruit le plus exporté dans le monde, et le quatrième aliment de base mondial derrière le riz, le blé et le maïs.

 

Au bord du dépôt de bilan il y a tout juste dix ans en raison des profondes divisions entre producteurs aux Antilles, la banane a su revoir en profondeur ses méthodes de production et de commercialisation, et est aujourd’hui l’une des filières agricoles les mieux organisées au plan européen.

 

La banane est le pivot de l’économie des Antilles : cette filière regroupe 650 planteurs qui emploient plus de 6.000 salariés directs. On estime que 20.000 personnes dépendent de l’activité économique générée par la banane, chiffre à ramener aux 800.000 habitants de Guadeloupe et de Martinique.

 

90% des salariés de la filière sont en CDI, et exercent 30 métiers différents. Ils sont employés tout au long de l’année, la récolte des bananes se faisant toute l’année. Par ailleurs, en permettant le maintien de la ruralité dans des zones de Guadeloupe et Martinique éloignées des centres urbains de Fort de France ou de Pointe à Pitre, la filière assure un rôle indispensable dans l’aménagement du territoire de ces régions.

 

Au total, les 8.000 hectares de terres consacrées à la banane aux Antilles permettent la commercialisation de 250.000 tonnes de bananes par an, dont environ 50.000 tonnes pour la Guadeloupe.

 

La taille moyenne d’une exploitation de bananes aux Antilles est de 14 hectares. Il n’existe aucun autre pays au monde dans lequel les exploitations sont si petites : en Amérique latine comme en Afrique, une « petite » exploitation fait au moins 100 hectares.

La banane des Antilles est la seule au monde à être soumise au droit social français, et aux règlementations sanitaires et environnementales européennes. C’est un facteur notable de renchérissement de ses coûts de production, ce d’autant que 100% de la production des Antilles est achetée par le groupement de producteurs : il n’y a pas, à la différence des concurrents africains ou américains, de sélection des meilleures bananes pour l’export.

 

Une fois ce constat établi, il ne s’agit pas de remettre en cause les contraintes environnementales et sociales qui s’appliquent aux productions des DOM, car celles-ci sont sources de développement humain pour ces régions et de sécurité pour le consommateur. Il est néanmoins important de garder en tête le fossé immense qui existe entre les conditions de production dans les DOM pour des produits comme la banane, le rhum ou le sucre et les productions équivalentes des pays d’Amérique latine ou d’Afrique.

Dans ce contexte, la signature régulière d’accords de libre échange entre ces pays et l’Union européenne vient encore plus accroître le déficit de compétitivité de la filière banane dans les DOM. En effet, tous ces accords douaniers ont la même structure : en échange d’un meilleur accès à ces marchés pour ses produits industriels, l’Union européenne baisse ses tarifs douaniers pour les productions agricoles des pays concernés. Or, les seuls produits agricoles qui se trouvent en concurrence avec les productions de ces pays tropicaux sont précisément ceux des DOM.

 

Cette stratégie, combinée à celle d’un euro fort par rapport au dollar, fait peser de fortes contraintes sur notre production antillaise. Ainsi, actuellement, la banane européenne doit déjà faire face à une baisse de 100€/tonne des droits de douane négociés par l'UE avec les pays d’Amérique centrale et les pays andins.

 

  

La menace liée à la cercosporiose noire

 

La cercosporiose noire est un champignon fortement volatile, qui se propage de bananier en bananier. Elle se présente d'abord sous forme d'étroites raies et points noirs qui, en proliférant, peuvent finir par noircir des feuilles entières de bananes, bloquant la photosynthèse. Les régimes de bananes sont plus petits, tout comme le sont les fruits, et les bananes ne conviennent plus à l'exportation car elles murissent prématurément, y compris lorsque le fruit est encore sur l'arbre.

 

La banane devient alors impossible à commercialiser, puisqu’elle arrive pourrie en métropole.

 

La cercosporiose noire est considérée comme une des maladies les plus redoutables des bananes par la FAO. Dans la Caraïbe, cette maladie a décimé la plupart des productions de bananes, notamment à la Dominique, Grenade, Sainte-Lucie, Saint-Vincent ou encore au Guyana. Les pays d’Amérique du Sud qui résistent à cette maladie le font au prix de pulvérisations parfois hebdomadaires de fongicides sur leurs exploitations.

 

Dans ce contexte, les producteurs de banane des Antilles doivent lutter contre cette terrible maladie avec un double handicap par rapport à leurs concurrents d’Amérique du Sud :

  • d’une part, la politique française et communautaire de réduction de l’usage des produits phytosanitaires les oblige à utiliser un nombre très faible de matières actives pour stopper la prolifération du champignon, qui développe par ailleurs avec le temps une résistance aux traitements qui lui sont appliqués ;

  • d’autre part, la décision publique de mettre fin aux pulvérisations par traitement aérien, qui conduit les producteurs à devoir développer des techniques d’application qui n’existent nulle part ailleurs dans le monde, sur des terrains souvent très accidentés donc peu praticables par voie terrestre

 

Pour l’heure, la filière, engagée depuis 2008 dans un Plan banane durable très ambitieux, réussit cette performance exceptionnelle qui est l’arrêt du traitement aérien et son remplacement par des moyens exclusivement terrestres.

A ce titre, le Ministre de l’Agriculture l’a qualifiée comme étant la seule filière agricole française respectant le cadre nouvellement défini de l’agro-écologie.

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